Du 18 au 29 mars 2025, le Théâtre de L’Ancre a accueilli le spectacle "Complexes", une création de Amélia Colonnello et la Compagnie du Sexe-Cobourg. Ce spectacle, mêlant cabaret, chant et danse, explore avec humour et gravité les injonctions qui pèsent sur les femmes. À cette occasion, Dimitri Alaime et Gaëlle Collart ont eu l’opportunité d’interviewer Amélia Colonnello, comédienne et metteuse en scène, ainsi que Louison De Leu, comédienne.
- Comment vous êtes-vous connus ?
Amélia : Nous étions dans la même classe, à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion), dans la même promotion d’art dramatique. A la base, nous sommes une bande d’amis.
- D’où vient l’idée du spectacle ?
Amélia : J’aime l’écriture, et en master, nous avions carte blanche. Il y a souvent des amalgames et des remarques sexistes autour du pole dance, qui est trop vite associé au strip-tease. C’est pourquoi j’avais envie d’aborder ce sujet, l’étiquette de « la fille qui prend soin d’elle », ainsi que les clichés qui en découlent. Je voulais éclater cette case.
Je suis carolo, et à Louvain-la-Neuve, je devais adoucir mon accent, d’où la création des personnages, notamment Madame R.
- Etes-vous fan de Charles Dickens ?
Amélia : Pas forcément. Je suis surtout fan de Noëlle Renaude et Marie Henry pour l’écriture. L’humour et l’absurde, c’est ma came.
- Quoi d’autre vous inspire ?
Amélia : L’imaginaire, la famille avec ses caractères forts comme Almodovar avec les talons aiguilles.
Louison : Amélia nous a emmené dans un report à lâcher prise, à se réapproprier les corps, les complexes et à se trouver belle.
Amélia : En bande dessinée, j’adore le travail de Fabcaro, ainsi que les dessins animés de style cartoon. Ce que j’aime particulièrement, c’est la rythmique, comme une partition musicale. Ici, le projet s’est construit progressivement, par étapes.
Louison : Chacun a apporté sa part au projet. Amélia a écrit, mais elle s’est aussi inspirée de nos corporalités. L’imaginaire lié à l’école a également nourri la création. À la base, c’est une histoire personnelle, enrichie par beaucoup de vécu, vu à travers les regards de nos proches.
- Complexes – complexe – décomplexer ?
Amélia : Le spectacle interroge la place des femmes dans la société actuelle : une femme complexe Beaucoup de femmes ont subi des agressions sexuelles, ont été brimées. Tout ça dans un milieu très violent avec double discours parce que femme, pudeur.
Louison : Amélia a ouvert les yeux sur certaines réalités en travaillant sur ce spectacle. Elle s’est rendue compte de la violence sous-jacente à certaines choses alors qu’en fait, elle voulait juste écrire des choses drôles.
Louison et Amélia : Le spectacle est destiné à un public à partir de 16 ans. En général il est bien perçu, hypersensible.
Nous avons reçu des groupes scolaires avec une préparation par une animatrice médiatrice culturelle avec des jeunes de 18 ans. C’est intéressant car certains élèves ont été très choqués par la manière dont les corps très exposés. Eh oui, nous ne sommes pas des images figées. Nous avons donc eu des débats très intéressant avec eux. Certains jeunes hommes se sentaient visés. C’était compliqué, intéressant mais nécessaire.
- D’autres représentations sont-elles prévues ?
Amélia: La nouvelle officielle vient de tomber, nous irons jouer à Avignon tout le mois de juillet !
- D'où viens le Pole Dance et se dernier a-t-il éveillé des vocation lors du spectacle ?
Louison et Amélia : Avant c’était beaucoup pratiqué dans les strips clubs … c’est un sport de ouf en fait – je ne comprends pas pourquoi cette discipline ne se retrouve pas encore aux JO ! car c’est plus dur que les barres parallèles, c’est très intense.
On voulait montrer le pole dance sous une autre perspective, offrir un regard différent sur cette discipline. Depuis une dizaine d’années, les mentalités évoluent. Avant, c’était mal vu, il y avait une association directe avec le strip-tease, une étiquette tenace. Pourtant, le pole dance, c’est aussi quelque chose de très poétique.
Dans une classe, il y avait une fille de 11 ans qui fait du pole kids. Au départ, c’était mal perçu, mais grâce au spectacle, cette image a commencé à changer.
Ce qu’on sait peu, c’est que le pole dance est à l’origine né dans le cirque, avant d’être progressivement sexualisé. Historiquement, en Asie, c’était même une pratique masculine.
C’est un chemin historique, et aujourd’hui, on regarde comment se réapproprier cette pratique.
Avant c’était beaucoup pratiqué dans les strips clubs… Mais en réalité, c’est un sport de ouf ! Je ne comprends pas pourquoi cette discipline ne figure pas encore aux JO ! Car c’est plus dur que les barres parallèles, c’est très intense.