Après Double Helice 1,2,3, les deux lyricistes du hip hop belge nous présentent leur double projet commun OSO / Hat Trick. Le showcase privé, concert de fin de résidence à l’Eden, s’est inscrit sous le signe du fameux Street Fighter. Un moment intimiste et bouillant par des artistes « incroyaux » pour un public incroyable, avant leur grande tournée à travers la France et la Belgique. Interview.

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Sixmille : Après avoir entendu vos énormes interviews avec des Mouloud Achour, des Mehdi Maïzi, des Grunt, c’est impressionnant de passer après ! C’est ma première interview du coup soyez indulgents !

JeanJass/Caba : T’inquiètes dis toi que c’est juste une discussion comme une autre, il n’y a pas besoin d’aller plus loin t’inquiètes pas !

S : Trop cool ! Ce double projet semble un peu plus introspectif que vos précédents albums. Question classique : est-ce que c’est l’album de la maturité ? Haha !

JJ : Ça peut renvoyer ces images là parce qu’on a tous les deux un peu plus de trente ans, ça fait pas mal d’années qu’on fait de la musique et que pour ce projet on a un peu plus creusé. Mais non je ne me sens absolument pas plus mature après avoir écrit cet album (rire Caba).

S : Même après être devenu un « JJ daddy » ? Depuis que tu es devenu daron ?

JJ : Je vais grandir un peu plus vite avec ça en tous cas, c’est clair ! Plus qu’en rappant et en fumant des joints c’est clair mais bon c’est comme ça il y a un temps pour tout !

S : Dans vos projets vous parlez énormément de vos racines, Caba tu fais un skit où tu parles de Oso, l’ours, avec l’histoire de ton père, tu écris un morceau en espagnol, Jass tu fais un morceau sur ton père, Berkane, sur le Maroc etc. Quel est l’impact de vos racines sur vos productions ?

C : Je pense que c’est simplement une partie très présente. Nos racines c’est nous en fait. C’est peut-être une partie qu’on avait un peu moins développée en duo, vu que le duo c’est plus une ambiance, on va dire, « décontract » « festive » ou alors pour vraiment rapper de manière pure et dure.

On n’avait peut-être pas assez ouvert cette fenêtre-là, qui est quand même présente un petit peu dans notre musique. Mais dans ce double projet on avait vraiment bien l’occasion de développer ça quoi.

S : Comme Caba a fait un morceau en espagnol, ça te chaufferait de faire un morceau en arabe ?

JJ : C’est chaud, Caba est parfaitement bilingue ! C’est d’ailleurs quelqu’un qui est très doué en langues, je le dis de manière générale, c’est un vrai talent qu’il a, il retient vite les mots dans des langues étrangères. Moi mon arabe il ne sera jamais assez bon pour que je puisse le rapper mais voilà on ne sait jamais, peut-être que je ferai un morceau en russe un jour, je me tâte !

S : C’était important pour vous de revenir à Charleroi ? C’est un peu vos débuts à tous les deux avec 160 rimes, votre premier morceau ensemble avec Exodarap, la tournée A Notre Tour, …

JJ : Ça fait plaisir à fond tu vois

C : De ouf !

JJ : Tu vois le symbole il est cool, là on espère que la vie reprendra normalement, pour nous c’est cool ça fait trop plaisir. C’est un endroit qu’on connaît bien, on est très bien reçu, on mange bien, on est très bien accueilli, ça se passe super bien. Et puis je pense que c’était le meilleur endroit où commencer à travailler sérieusement tu vois !

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S : C’était important de jouer devant la famille, les potes ?


JJ : Lui il est bruxellois du coup c’est plus moi bien sûr mais je pense pouvoir répondre pour lui qu’il se sent comme chez lui ici.

C : C’est clair on est très bien ici.

S : Justement, il y quelques années tu avais sorti un morceau avec Exodarap , Carolotour, si tu devais refaire un morceau sur la ville qu’est ce qu’il y aurait de différent ?


JJ : Ça a bien changé depuis que je décrivais la ville à ce moment-là, il y a même des rues qui n’existent plus ! Il faudrait que je passe plus de temps en ville, tu vois je reviens souvent dans la région mais je vais chez mes proches, mes amis. J’ai jamais traîné beaucoup en centre-ville, à l’époque j’y traînais beaucoup parce que j’étais à l’école, à Solvay, et on faisait des salles à Charleroi presque tout le temps !

Il y avait le Vecteur, l’Eden, on jouait dans des bars, un peu partout donc c’était normal, mais tu sais, pour bien parler de quelque chose je trouve qu’il faut bien le connaître. Mais oui, qui sait peut-être un jour je réécrirai un morceau sur Charleroi. J’ai toujours aimé faire du « story-telling », en com’ ou dans ce que je fais aujourd’hui donc pourquoi pas bien sûr.

S : Et toi Caba du coup ta vision un peu sur Charlouze ?

C : Au début je connaissais vraiment pas. J’avais un peu des a priori des clichés, mais peu à peu ça s’efface et après tu te rends bien compte qu’on se sent très bien ici. J’ai plein d’amis qui sont carolos, c’est un peu la famille !

S : Passer d’un Olympia à une salle comme ici à l’Eden, ça vous fait quoi ?

JJ : Là tu prends des exemples un peu loin tu vois, mais en vrai il y a pas longtemps on a joué dans un festival qui payait pas de mine en termes d’infrastructure et tout mais en vrai le concert était trop chaud !

C : C’est plus les gens en fait, le « mood », finalement c’est pas spécialement la salle. Si le public est chaud ça peut être une petite salle, comme il dit, qui paie pas de mine et au final ça peut être presque mieux !

JJ : Il n’y a pas trop de règles, on a eu des très bonnes surprises dans des tas d’endroits où on s’est dit « tiens ici est ce qu’il y a vraiment des gens qui écoutent Caba/JeanJass ? » et en fait ouais, il étaient là et ils étaient chauds !

S : Et du coup vous arrivez quand même à garder la même énergie et tout ?

C : Tout le monde donne tout, tout le temps ! Tu sais jamais, tu vois, tu te dis « ouais ici personne ne nous connaît, ça va être nul,… » et en fait tu sais pas, il y a peut-être le plus gros tourneur de France qui est là à tout hasard.

JJ : tu sais c’est comme dans n’importe quel boulot, il n’y a rien à gagner à bâcler ce travail-là, au contraire. S’il a pas beaucoup de monde on se dit « au pire ça fait une bonne répet’ ». On a toujours autant de kiffe d’être sur scène.

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© Back in the dayz

S : Et les projets dans le futur ? Une suite pour High et Fines Herbes ? Une date de sortie de tournage ?

C : High et fines herbes c’est immortel !

JJ : On n’a pas encore de date, on est dans une phase où on est en train d’écrire. On écrit la saison quatre, il y aura donc une saison 4. On est en train de réfléchir au casting des futurs candidats, des futurs gens qui vont venir juger avec Eskondo « le Juge Suprême ».

Là on est donc dans l’aspect création mais à partir du moment où on aura tout accouché sur papier ça peut commencer à aller vite !

S : Est-ce que le Roi (Heenok) et Alkapote seront de la partie ?

JJ : On l’espère tous !

C : Si on te dit tout ce sera du « spoil » mais on l’espère tous moi le premier c’est clair.

S : Check food ? Il y aura une suite ?

JJ : Ecoute on a déjà une émission de cuisine, c’était très drôle à faire mais sinon on se retrouve avec trop de choses à faire.
C : A la limite si on avait parlé de voiture ou de sapes ou quoi, pourquoi pas. Mais là vu que c’était déjà sur la cuisine etc., à un moment on a fait le choix de consacrer notre énergie et notre force dans notre émission à nous.

S : T’as fait un morceau de dingue Mains qui prient avec Akhenaton (du groupe IAM), un peu le GOAT (Greatest Of All Time) !

JJ : Expérience incroyable ! Je te cache pas que c’était un rêve tu vois, je pense que c’est le rappeur français que j’ai le plus écouté. Pour moi c’est le numéro 1 absolu ! C’est lui qui a été le plus loin dans l’écriture, j’ai vraiment dévoré tout ses albums.

En plus de ça, humainement parlant il est génial. On a encore passé une petite soirée avec lui il n’y pas longtemps c’est un père, c’est un oncle, on a l’impression qu’il fait partie de la famille ! Il a beaucoup de choses à nous apprendre et je ne peux que me féliciter de cette rencontre et de ce « feat » !

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© Back in the dayz

S : Et Caba du coup ? A quand un feat avec B2O ?

C : Oula, avec plaisir hein moi franchement !

S : Si tu devais faire un feat avec ton GOAT ?

C : En France ? Ou ailleurs ? Franchement c’est toujours la même question, si vous me laissez rêver je vais vous dire des noms de rêves, moi mes rêves c’est des Kendrick Lamar,…

JJ : Moi j’adorerais faire un feat avec Dua Lipa ! Je trouve qu’elle chante méga bien !

C : Ou des 21 Savage j’aimerais vraiment bien ou même un Drake, Kanye, allons-y !

S : On ne sait jamais qu’ils lisent Sixmille.be et qu’ils voient l’appel du pied ! Et dernière question, si vous aviez des conseils à donner à des artistes, carolos, bruxellois ou d’ailleurs, pour perdurer dans le milieu, ce serait quoi ?

JJ : Ce que je leur dis tout le temps et ce que j’ai encore répété dans l’interview d’hier, il faut juste vraiment travailler à fond ! Bien sûr, il peut y avoir des tas d’autres raisons pour ne pas pouvoir y arriver parce qu’il faut être bien entouré, il faut évidemment avoir du talent, etc. Mais il ne faut rien lâcher quoi ! Il faut saisir chaque occasion, c’est bête tu sais ce discours il peut paraître un peu naïf et tout. C’est un peu le fameux Eminem, 8 mile, il a raison ! Il faut saisir chaque occasion et y aller à fond, faut croire en soi

C : Laisse rien passer, beaucoup croire !

JJ : Avoir bien confiance en soi mais sans, évidemment, croire qu’on est Drake avant d’être Drake. Je te dirais ça, faut croire en soi et y aller à fond ! Comme dans n’importe quel boulot, dans le tien ou celui de n’importe qui, si on veut être le meilleur il faut tout donner pour être le meilleur !

Rédacteur : Mathias Bellan / Photographie : David Demanet

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