Immersion dans l’art fluide avec Chris. DC
Du 2 au 14 février, se tient l’exposition Chris. DC au QG des Artistes. Le vernissage, qui s’est tenu le 2 février, a permis aux visiteurs de découvrir en avant-première les œuvres de Chris. DC et de rencontrer l’artiste en personne.
L'exposition présente une sélection de ses peintures acryliques fluides, qui invitent le spectateur à se laisser transporter par un tourbillon de formes, de matières et de couleurs. Le bleu domine l’exposition et l’utilisation du blanc ajoute une touche de lumière, illuminant chaque tableau.
Lors du vernissage de son exposition, nous avons eu l’occasion de rencontrer Chris. DC et d’en apprendre davantage sur elle, son univers et sa démarche.
Je suis née à Bruxelles mais je connais assez bien les environs de Charleroi parce que ma famille est originaire de Trazegnies, de Fontaine L’Evêques et de Courcelles. J’ai plutôt un parcours professionnel, je ne vais pas dire atypique, mais disons que j’ai fait un peu de tout. J’ai beaucoup travaillé en intérim et en tant que secrétaire médicale. En 2016, j’ai repris des cours en psychologie énergétique et c’est là que j’ai découvert en parallèle l’art thérapie. Il y a quelques années, c’est avec ma petite fille de dix ans, artiste et suivant des cours au labo des arts, que j’ai osé me lancer dans ce que j’avais toujours rêvé de faire. C’était très comique car malgré tous les ratés, aux yeux des enfants, c’était toujours beau. Et puis ma petite fille m’a dit une phrase qui m’a touchée : « tout est beau dans l’art car on peut tout faire ». Ensuite, le Covid-19 est arrivé et nous avons beaucoup peint pendant cette période. J’ai regardé des vidéos et je me suis un peu plus intéressée à un monde qui, pour moi, est un monde parallèle. Certaines personnes ont vu ce que je réalisais, surtout des artistes-peintres qui ont fait les beaux-arts. J’ai reçu beaucoup de compliments, malgré le fait que j’ai le syndrome de l’imposteur parce que je ne viens pas du tout du milieu de l’art. Cependant, je me suis laissée porter et j’ai atterri ici. Cela me procure beaucoup de bien, surtout dans le monde dans lequel on vit pour le moment.
Ça doit faire à peu près deux, trois ans, mais c’est vraiment resté très personnel. J’ai commencé à partager mon art depuis une grosse année. Maintenant, j’ai compris les techniques, la manipulation des produits et les mélanges.
C’est Christine De Craemer. J’ai raccourci mon prénom et utilisé mes initiales. J’ai voulu garder « DC » car j’aime bien mon nom par rapport à mon papa. N’ayant pas une reconnaissance en tant qu’artiste, je ne me voyais pas prendre un autre nom.
Grâce aux réseaux sociaux, j’ai des amis un peu partout. C’est justement deux artistes qui sont de Charleroi, surtout un artiste musicien qui est venu ici et qui a démarché la galerie. Je suis venue présenter mes toiles en me disant qu’ils n’allaient pas en penser grand-chose et ça a matché. Je me suis prise au jeu. C’est vraiment grâce aux autres et ça a toujours été un peu comme ça. Maintenant, d’autres personnes que je connais et qui habitent Charleroi et Bruxelles vont venir ce soir. Et après, j’espère que j’exposerai à Liège, mais on va d’abord faire celle-ci. Venez nombreux !
J’aime beaucoup travailler les matières et ce qui m’a vraiment beaucoup plu dans l’art fluide, c’est la réaction chimique entre les produits, entre les couleurs et la manière dont on la travaille. Un vrai peintre, capable de dessiner, a un projet dans sa tête. Moi, c’est plutôt l’inverse. Quand j’ai envie de peindre, je choisis les couleurs, je fais mes mélanges et je découvre vraiment la réalisation de ce qu’il se passe. Et c’est ça qui me plait énormément ; c’est cette interaction entre la matière et moi. Ce n’est pas vraiment moi qui dessine et j’aime bien.
En fin de compte, je pose mes couleurs et je travaille au sèche-cheveux ou à la bouche. Même si j’ai déposé mes couleurs, quand je souffle à la bouche, il y a une réaction chimique qui s’opère entre les couleurs et les produits de base. Donc, je ne peux pas savoir si c’est le bleu qui va dominer, l’or ou une autre couleur. Il y a toujours une surprise, même pour moi, de ce qui va ressortir du tableau. Par exemple, si tu veux reproduire une orange, tu te rapproches du sujet que tu veux réaliser. En revanche, pour beaucoup de toiles qui sont exposées ici, je ne savais pas dès le départ ce que ça allait donner au final. Si ça me plait, je garde et si ça ne me plait pas, je racle la peinture et je la réutilise pour respecter, d’une part, l’écologie et d’autre part, mon portemonnaie.
Ce que j’aime dans l’art fluide, c’est ne jamais avoir la même chose. Même si tu prends 3 toiles, que tu déposes 3 fois les mêmes quantités et 3 fois les mêmes couleurs, tu n’as jamais le même résultat. Encore une fois, c’est justement ça qui me plait. Je crois que si je réalise une peinture et que je m’attends à quelque chose, je pourrais être déçue. Je sais que c’est elle qui va me donner un résultat. J’ai été déçue de certaines peintures et pour d’autres, j’étais tellement heureuse de la réussite. Mais ce n’était pas ma réussite parce que je trouve que je ne suis qu’un accessoire et que je fais partie d’un tout. C’est peut-être un peu contradictoire, mais c’est normal avec moi.
Oui, il faut que j’agisse pour que l’œuvre se crée. Et sinon il y a deux techniques que j’aime beaucoup. En effet, il y a 40 techniques différentes dans l’art fluide, mais toutes ne me plaisent pas. C’est comme pour les recettes de pâtes, on aime presque tous les pâtes, mais toutes les recettes ne nous conviennent pas.
Alors c’est très instinctif, j’agis vraiment en fonction de l’humeur. J’ai beaucoup de difficultés à travailler avec du noir. Par exemple, je n’ai réalisé qu’une seule toile sur fond noir que je trouve vraiment réussie. Pourtant, d’autres personnes que je connais produisent des choses magnifiques sur fond noir. Non, franchement, j’y vais à l’instinct.
Ce qui m’a beaucoup attiré dans le regard des autres, c'est qu'au sein d’un groupe de cinq personnes, chacune percevait des réalités différentes. Par exemple, des amis qui regardaient une de mes toiles et m’ont dit « Oh il y a un druide ». J’ai dû tourner la toile dans tous les sens pour voir le druide. Dans chaque toile, chacun peut y interpréter quelque chose de différent et ne percevra pas ce que j'y vois personnellement. La découverte et le regard des autres me plaisent beaucoup. D’ailleurs, j’ai remarqué qu’il y a des peintures qui parlent et d’autres qui ne parlent pas, même pour moi.
Une découverte qui m'a profondément marquée, c’est la capacité à me plonger dans une autre dimension lorsque je peins et ça me permet de m’évader. Je comprends maintenant pourquoi les artistes, que ce soit des musiciens ou encore des peintres, peuvent rester des heures dans leur atelier.